Le festival Partcours se définit comme un itinéraire artistique, offrant une immersion captivante dans l’univers artistique contemporain de Dakar. Lors de cette 12ème édition du parcours, l’arrêt à l’Instituto Cervantes nous transporte droit au cœur de la Langue de Barbarie, avec l’esposition collective Ébauches à la Frontière Barbare, une expérience artistique inédite façonnée par le dialogue entre cinq artistes talentueux : Eusebio Nsué Nsué, de la Guinnée Équatoriale, Sandra Julve et Paloma De La Cruz, artistes espagnoles, et les photographes sénégalais Massow Ka et Mamy Fall.
L’exposition Ébauches à la Frontière Barbare trouve son inspiration au Parc National de la Langue de Barbarie, à Saint-Louis. Ce parc qui sépare, ou relie, fleuve et mer, témoignage des traditions locales et des modes de vie liés à la pêche et aux salines, a été profondément affecté par les bouleversements climatiques et la pollution. Les artistes, Massow Ka, Mamy Fall, Sandra Julve, Eusebio Nsué Nsué, et Paloma De La Cruz, à travers une approche multiculturelle et des techniques artistiques variées, nous ont permis d’appréhender le parc dès différentes perspectives.
Tel des anthropologues contemporains, les artistes explorent le rapport entre l’homme et la nature. La photographie émouvante de Mamy Fall nous plonge dans les paysages du fleuve Sénégal et de Saint-Louis. Sa protagoniste déambule entre différents paysages, et nous guide à travers le parc, s’appropriant des espaces en parfait harmonie avec son entourage et nous invitant à la rejoindre, créant une connexion profonde avec la nature.
Sandra Julve, de sa part, incarne un sens d’équilibre avec l’environnement. Avant la création de ses œuvres, elle s’imprègne de l’espace duquel elle s’inspire à travers une observation minutieuse et une interaction constante avec ce qui l’entoure. De ce processus nait sa haima, construite avec des élements naturels collectés dans le parc. Branches, plantes, coquillages et vieux filets de pêche constituent son installation en syncrétisme entre l’artificiel et le naturel.
Les céramiques de Paloma de la Cruz, inspirées du sol argileux du parc, révèlent une délicate interprétation de la muable souplesse de la matière, et de la terre. Des mains minitieuses et délicates donnent à ces pièces une qualité textile, juxtaposant la dureté du matériau avec la plasticité des formes représentées.
Même si le travail dans les salines est centenaire et source de richesses pour la population, son exploitation contribue à la salinisation de puits et horts. Cet équilibre fragile entre la nature et ses habitants est le sujet sur lequel se penchent les photographies de Massow Ka. Dans un premier temps, on pourrait penser qu’on est devant une boîte de Pétri avec des cellules qui germent, se réproduisent et s’étendent sous notre microscope. Avec un peu plus d’attention, on arrive à reconnaître les salines et souligner l’impact de l’activité humaine sur le paysage. À l’aide des prises en plongée, effectuées avec des drones, le photographe nous propose des images abstraites des salines, où les femmes apparaissent comme des points dans une phrase d’eau et de sel.
L’impact humain est clairement reflété dans l’œuvre d’Eusebio Nsué Nsué. Dépourvue de représentations humaines directes, elle met en lumière l’intrusion des déchets dans la nature. Les débris, tels que plastiques, papiers et bouteilles, témoignent de l’impact intrusif des déchets tout en laissant transparaître un message d’espoir à travers la résilience de la vie végétale et animale qui renait et envahit ces décombres, témoins de l’empreinte que la vie humaine est en train d’inscrire sur la nature.
L’exposition “Ébauches à la Frontière Barbare”, sous le commisariat d’Angela Rodríguez Perea, est le résultat d’une résidence artistique à Dëkandoo, le centre de résidences fondé par l’association Hahatay à Gandiol. Elle a été possible grâce au soutien de l’Ambassade d’Espagne au Sénégal, Casa África, l’Instituto Cervantes de Dakar et les Centres Culturels d’Espagne à Bata et Malabo.
Inaugurée le 6 décembre à l’Instituto Cervantes de Dakar, l’exposition reste visible jusqu’au 31 janvier.